
Aude
C’était le week-end parfait pour (re)découvrir des lieux d’exception de Chartres et ses environs, et plus largement d’Eure-et-Loir.
Un patrimoine fascinant nous plongeant les coulisses de l’Histoire de France
Des visites guidées passionnantes avec des guides passionnés nous faisant traverser les époques
Une balade au grand air suscitant l’émerveillement de jour comme de nuit

Se transporter à l’époque gallo-romaine au sanctuaire de Saint-Martin-au-Val
Nous sommes le samedi 19 septembre 2020 et aujourd’hui, je me suis dit que j’allais profiter de la programmation des journées européennes du patrimoine et ainsi, m’accorder un joli voyage à travers les âges.
Direction l’Antiquité ! Pour commencer les festivités, je me rends au sanctuaire de Saint-Martin-au-Val à Chartres, un des plus grands sanctuaires religieux de la Gaule Romaine, dans le quartier Saint-Brice à Chartres (rue des Bas-Bourgs). Depuis 2006, la Direction de l’Archéologie de Chartres Métropole y étudie des vestiges remarquables remontant à l’époque gallo-romaine. Avant de parcourir le site archéologique, des jeunes filles du Conservatoire de Musique et de Danse de Chartres nous proposent une représentation de danse contemporaine, semblant s’inspirer d’une danse antique sacrée.
De quoi nous immerger délicatement dans l’ambiance du lieu…

1 - À quoi ressemblait l’impressionnant sanctuaire de Saint-Martin-au-Val ?
Remontons le temps pour revenir à la Chartres antique ! Nous voici à Autricum, capitale du territoire des Carnutes. Devant nous, se dresse un vaste complexe religieux en construction (dont l’illustration permet de se représenter le lieu). Au total, il doit faire 6 hectares. Quand je vois le champ de fouilles non loin, mettant au jour des vestiges du mur d’enceinte Nord-Est du sanctuaire, j’ai du mal à me le représenter. Cependant, à elles seules et grâce à des découvertes complémentaires dans le quartier, elles ont pu donner une bonne idée aux archéologues des dimensions du lieu. Grâce à la découverte des fondations de colonnes mesurant environ 10 mètres, on imagine que ce mur d’enceinte était constitué d’une galerie dont elles étaient les pièces maîtresses.

Quel trésor renferme les vestiges de l’un des plus importants sanctuaires gallo-romains de France ?
Devant la vaste cour du sanctuaire, on devait franchir un premier ensemble de temples. Les derniers travaux de fouilles ont permis de trouver la trace de l’un d’entre eux, dédié aux dieux : Apollon et Diane. Il devait être richement décoré. On le comprend en posant les yeux sur l’actuel champ de fouilles. On y voit quelques dalles de marbre, notamment sur la margelle d’un antique bassin. Car, devant le temple devait se trouver une cour dans laquelle il y avait 2 bassins (dont nous ne connaissons pas encore aujourd’hui la fonction). Actuellement, seul un des deux points d’eau a été mis au jour par les archéologues. Mais du fait de sa disposition et de la logique de symétrie architecturale de la civilisation romaine, l’hypothèse d’un 2e bassin est hautement probable.
Notre guide nous explique que ce bassin est dans un état de conservation exceptionnelle et qu’il comporte quelques trésors. Elle nous indique qu’un grand nombre des dalles de marbre, observées plus tôt, avaient été retirées à l’abandon du lieu. L’une des découvertes les plus impressionnantes se trouvait finalement dans le bassin en lui-même. En y regardant de plus près, j’y aperçois des bouts de bois calcinés. Elle nous explique que ceux-ci semblent être les restes d’un abri se situant au-dessus du bassin. Un incendie semble s’être déclaré après l’abandon du sanctuaire et c’est l’eau du bassin, alimenté naturellement par l’Eure en contrebas, qui a permis de les conserver à travers les siècles.
Nous sommes donc en train d’admirer les restes d’une charpente à caissons datant de l’Antiquité, qui devait être richement ornée et peinte, comme nous le précise notre guide. Elle nous révèle que les traces architecturales en bois des romains sont rares du fait du problème de conservation et que l’une de seules autres traces a été retrouvé à Herculanum grâce (ou à cause selon le point de vue) à l’éruption du fameux Vésuve.
Je ne peux que vous conseiller de découvrir ce patrimoine méconnu de Chartres et ses trésors antiques. Le vrai plus est de parcourir les lieux avec des archéologues à ses côtés, vous partageant le fruit de leurs recherches et pouvant ainsi répondre à toutes vos questions.

Partager un moment convivial avec des amis en cœur de ville de Chartres
Après cet après-midi ensoleillé dans le quartier Saint-Brice, je me dirige en cœur de ville afin de retrouver des amis et y boire un verre. En terrasse, nous passons un agréable moment. L’atmosphère convivial de Chartres nous enveloppe. La vie bourdonne autour de nous. L’été joue les prolongations et c’est un enchantement. Nous nous mettons ensuite en route pour aller manger avant de faire découvrir à ceux qui ne le connaissent pas, l’événement à ne pas manquer à la nuit tombée chez nous : Chartres en lumières.

S’émerveiller (encore) devant la beauté de Chartres en lumières
Nous commençons notre balade sur le parvis de la cathédrale de Chartres. Après avoir admiré le portail sud, le portail royal nous appelle. Il attire tous les regards. La nouvelle scénographie « Chartres, d’hier à demain », imaginée par Spectaculaires, Allumeurs d’images, nous accueille avec ses couleurs chatoyantes et sa jolie mélodie. Mes amis sont captivés. Les applaudissements du public, après la disparition du dernier tableau, les sortent de leur ébahissement. Puis, la scénographie rendant hommage aux bâtisseurs de la cathédrale de Chartres, réalisée par les mêmes scénographes, lui succède. À nouveau, les yeux de mes amis ne peuvent plus se détourner du spectacle se déroulant face à eux. La dernière note retentit. Les applaudissements s’élèvent une nouvelle fois. Ils résonnent à nos oreilles comme une invitation à poursuivre notre route. Nous nous rendons alors au portail nord, nous offrant un aperçu de la splendeur des portails en des temps lointains.
Après cet arrêt, nous changeons d’époque en admirant la façade du musée des Beaux-Arts. Direction l’époque moderne ! Elle invite à un travail de mémoire. Elle rappelle le destin de Jean Moulin, ancien préfet d’Eure-et-Loir, ayant signé son premier acte de résistance à Chartres. Nous continuons ensuite vers les jardins, où nous découvrons l’histoire de Luna et son amie Stella. Nous sommes à l’affût de toutes les références contenues dans ce joli conte animé, qui se révèle être une véritable frise chronologique de la conquête spatiale. Pour conclure notre parcours, nous décidons de faire un tour sur les bords de l’Eure avant de terminer par l’une des nouveautés de cette édition 2020 : l’église Saint-Pierre. En un mot : Magnifique !
Jusqu’au 3 janvier 2021, il est possible de profiter des illuminations de Chartres. Alors, pourquoi ne pas y venir faire un tour vous aussi ? Plusieurs formats de visites de Chartres en lumières existent pour vivre pleinement l’événement en cette fin d’année : à pied grâce à l’application Chartres en lumières ou aux parcours thématiques consultables sur le site web dédié, à vélo ou encore en petit train pour disposer d’un panorama des scénographies proposées sans se fatiguer.

S’échapper à Anet : voyage à la Renaissance dans les pas de Diane de Poitiers
Après cette soirée haute en couleurs, je prends la direction du château d’Anet en ce dimanche matin. Belle échappée à moins d’1h de Chartres, il fut la demeure de celle qu’on nomme la « presque reine » : Diane de Poitiers. À l’occasion des journées du patrimoine 2020, ce château privé ouvrait les portes de son parc, habituellement fermé au public, et proposait une visite guidée de l’intérieur du château.
Me voici donc devant le domaine. À peine les portes franchies, le décor est posé. Je me retourne et observe le cerf surmontant le portail de la demeure. Entouré de 4 chiens, il dégage une force qui ne laisse pas indifférent. Il me rappelle l’hommage qu’a voulu faire Diane de Poitiers à son homonyme, Diane, la déesse chasseresse. En ces lieux, les références à son égard sont légion : ornements en forme de croissants de lune (symbolique lui y étant attachée), sculptures en son honneur.
Il faut dire que lors de la visite guidée, je me rends compte à quel point la maîtresse du roi Henri II dispose de similitudes avec cette figure de la mythologie romaine. Amatrice de sport et grand air, belle et pleine de ressources… Auprès de celui dans elle fut la gouvernante puis la maîtresse, Diane de Poitiers aura eu une grande influence ; Et, par son intermédiaire, sur les décisions prises pour l’avenir de la France au grand désarroi de sa grande rivale et épouse du Roi : Catherine de Médicis. D’ailleurs, preuve en est qu’à l’intérieur du château d’Anet, j’ai pu observer une lettre à deux mains, rédigée par le monarque et celle réputée pour boire des potions d’or tous les matins pour conserver son éternelle jeunesse.
Ce parcours commenté est à ne pas manquer car il permet de mieux comprendre l’évolution du château mais aussi d’entrer dans l’intimité de Diane de Poitiers. Par ailleurs, les pièces traversées à l’intérieur du château, nous replongent dans un autre âge. Depuis les fenêtres du premier étage, on peut apercevoir le parc traversé par un canal issu des eaux de l’Eure, où des cygnes évoluent paisiblement. Les lieux ont un charme certain. Ils nous donnent envie de ne jamais cesser de les contempler mais aussi, de nous replonger dans les coulisses de notre histoire de France. Une belle découverte en ces journées du patrimoine 2020 !
Autre femme de l’ombre, madame de Maintenon, dernière épouse de Louis XIV, disposait aussi d’une demeure en Eure-et-Loir. À seulement 30 minutes de Chartres, venez visiter son château et ses jardins ! Son histoire, toute aussi passionnante, ne manquera pas de vous surprendre également.