3 contes et légendes de Chartres

Rédactrice d'Aude Montaudon

Aude

En cette fin d’année propice à des histoires au coin du feu, pourquoi ne pas se laisser distraire par quelques contes et légendes se déroulant à Chartres et dans ses environs ?

Asseyez-vous confortablement...

Chartres et ses environs a toujours été une terre de croyances, de son antique existence à aujourd’hui. C’est donc normal que nous les retrouvions dans ses contes et légendes. Il est ici question de diableries comme de miracles. Je vous invite à aller de ce pas vous préparer une boisson chaude et si vous le pouvez, à vous préparer un bon feu de bois. Il ne vous reste plus qu’à vous installer confortablement pour lire les lignes qui vont suivre. Tous les moyens sont bons pour se réchauffer le cœur et l’esprit.

Autour du quartier Saint-Brice à Chartres

Situé non loin des rives paisibles de l’Eure, on peut découvrir aujourd’hui dans le quartier Saint-Brice, les vestiges d’un des plus grands sanctuaires gallo-romains de France : le sanctuaire de Saint-Martin-au-Val. Un lieu où les archéologues s’activent encore pour en délivrer tous les secrets. Mais ne nous éloignons pas du sujet et concentrons-nous sur une autre histoire qui se serait déroulée sur ces terres, celle du violoneux de Saint-Brice (D’après Charles Marcel-Robillard & Pascal Foliot).

C’est le jour de l’épiphanie, nous sommes en 1725. Une célébration avait lieu sous les voûtes d’une cave, celle de la maison Perrier. Traditionnellement, la soirée avait commencé en compagnie des fileuses et des tricoteuses. Vers les neuf heures, elles avaient pris la direction de leur logis en laissant à la jeunesse le soin de danser avec ferveur mais aussi de tirer les rois.

D’une part, les filles avaient apporté de grandes galettes qui n’étaient ni sucrées, ni fourrées. De l’autre, les garçons avaient emmené du vin. L’un d’entre eux eu une illumination. C’était le jour idéal pour en connaître une, vous l’avouerez. Il s’exclama que pour danser, il leur fallait un ménétrier (en d’autres termes, un violoniste). Un nom vient directement à l’ensemble de la joyeuse troupe : un violoneux du nom de Raboteau. Pour un écu de 3 livres, ils avaient la certitude de le faire sortir de son lit pour les faire danser toute la nuit, armé de son violon. Ainsi, filles et garçons s’élancèrent dans la rue pour aller tambouriner à sa porte. Malheureusement, le silence leur répondit…

Point de violoneux dans la bonne ville de Chartres endormie… Un des gars s’écria : "Il nous faut un ménétrier, fût-il le diable même !".

C’est alors que leur regard fut attiré par un individu à l’allure étrange près de la porte Morard. Malgré la lueur moqueuse brillant dans ses yeux, les jeunes gens engagèrent la conversation avec lui. Il se trouvait que par chance, l’homme était un violoneux. Ni une, ni deux, il fut conclu qu’il animerait la soirée jusqu’au bout de la nuit au son de son violon. Sa seule requête ? Profiter du gîte et du couvert en cette fraîche nuit de janvier.

Le sourire jusqu’aux oreilles d’une telle aubaine, la troupe revint à Saint-Brice avec l’inconnu. On installa une chaise sur une scène improvisée, à l’aide d’une cuve servant habituellement à la lessive. En parallèle, la cave fut illuminée à la lueur vacillante de bon nombre de chandelles. Il fut donné du vin au violoneux, on lui proposa également la traditionnelle part de galette gardée pour les pauvres de la paroisse. Il refusa cette "part de dieu". Mais, l’heure était à la fête et personne n’y prêta attention. Et quel bal ce fut ! Les danses se succédaient et avec elles, les danseurs tournaient et virevoltaient en tous sens. Un véritable tourbillon où l’enchaînement des pas endiablés était à vous donner le vertige !

Dans un coin de la pièce, Marie Doublet observait la scène avec intérêt. En deuil, elle n’avait pas le cœur à la danse et examinait ce bal aux allures si étranges. Soudain, un détail la frappa.

Elle vit dépasser du chapeau du violoneux, deux petites cornes. En un éclair, tout s’éclaira. Prenant son courage à deux mains, elle s’éclipsa donc pour se rendre d’un pas rapide au couvent des Capucins. Minuit pointait bientôt le bout de son nez. Le père Hilarion, gardien des lieux, l’y accueillit. Elle lui raconta rapidement son aventure. Le temps pressait. Une équipée de saints hommes se rendit donc sur les lieux où le chaos avait presque atteint son comble. Ils firent appel à de multiples incantations et autres conjurations jusqu’à ce qu’un lourd silence s’établisse. Un hurlement fendit l’air et résonna sous la voûte de la cave. Là où se trouvait le violoneux, une légère vapeur jaunâtre s’échappait mais aucune trace de lui.

Depuis, ce fameux épisode, il était de notoriété de rappeler que le Diable pouvait prendre de nombreuses formes, dont l’aspect d’un violoneux de village et entraîner ainsi à leur perte les jeunes gens et les jeunes filles à la tête trop légère.

Autour de la cathédrale de Chartres

Ce monument classé au patrimoine mondial de l’UNESCO est le réceptacle de nombreuses croyances. Ainsi, les pèlerins viennent lui rendre visite depuis des siècles. Ce n’est donc pas étonnant qu’elle ait sa part de légendes.

La cathédrale de Chartres est présentée comme la maison de Marie, dès son origine, on a voulu indiquer qu’elle l’habitait mais aussi, qu’en cet emplacement, elle avait déjà été l’objet d’un culte bien avant sa naissance. Cela a mené à la légende de la vierge qui devait enfanter. Voici donc une première légende à ce sujet :

Il nous faut remonter à l’époque antique. Nous voici dans la forêt des carnutes en compagnie de druides dans une grotte pour rendre hommage à une vierge allant enfanter, une déesse mère. Par la suite, ce lieu devient donc un sanctuaire où il est dit que les premiers chrétiens se retrouvent à l’époque romaine. On y trouve alors une statue célébrant cette figure maternelle portant l’inscription "Virgini pariturae". Au fil des siècles, la légende se transmet et semble prédisposer le lieu à accueillir la maison de Marie : la cathédrale Notre-Dame de Chartres. Cette "Vierge devant enfanter" étant par la suite vénérée dans la chapelle Notre-Dame de Sous-Terre au cœur de la crypte.

Et plus particulièrement, le puits des Saints-Forts...

Voici une deuxième légende entourant le puits des Saints-Forts, qui fut le théâtre d’un miracle.

Situé dans la crypte de la cathédrale, il est dit qu’on y avait jeté les corps de chrétiens martyrisés lors d’une persécution païenne. Bien plus tard, lors d’une procession en ces lieux, un enfant de chœur eu le malheur d’y tomber par inadvertance, poussé par sa curiosité de jeter un œil par-dessus la margelle. On ne retrouva jamais son corps et fut donc déclaré disparu ; Quelle ne fut pas la surprise de la procession l’année suivante, de le revoir, vêtu de son aube sur laquelle aucune goutte ne ruisselait et tenant un cierge à la main.

Questionné, il déclara qu’il fut réceptionné dans sa chute par une belle dame vêtue de blanc. Elle avait alors pris soin de lui durant l’année avant de le remettre à sa place. 

C’est ici que se termine notre voyage à travers les contes et légendes de Chartres. Je ne doute pas qu’il en existe bien d’autres. N’hésitez pas à partager vos préférées via les réseaux sociaux.