Capa et la tondue de Chartres

En août 1944 sonnait la libération de Chartres, ponctuée de moments festifs mais aussi de la condamnation des personnes suspectées de collaboration.

Capa : un photographe de guerre

Endre Friedmann, alias Robert Capa, est un photojournaliste d’origine hongroise. Juif, il a dû émigrer à de multiples reprises durant sa vie. Lors de la seconde guerre mondiale, il quitte la France pour prendre la direction des États-Unis. En effet, il s’était déjà installé en France en 1934 pour quitter l’Allemagne suite à la montée au pouvoir du parti nazi.

© Gerda Taro

 

Il revient dans notre pays au moment du débarquement en Normandie en tant que reporter photo. Il suit ainsi la progression de l’armée américaine des plages normandes jusqu’à la libération de Paris. Un parcours qui le mènera à Chartres où il immortalisera la fameuse scène de "La Tondue de Chartres". Capa se place, avec cette œuvre, comme un photographe engagé et trace la voie du reportage de guerre et de terrain : celui du photoreportage. Cette célèbre photographie prise à Chartres est la représentation de l’épuration sauvage, qui a suivi la libération de la France en 1944.

 

La Tondue de Chartres :
l’histoire derrière la photographie

Le 16 août 1944, Robert Capa entre dans la ville de Chartres aux côtés des forces américaines. Dans la cour de la préfecture, il découvre le sort réservé aux femmes suspectées d’avoir été proches de l’occupant nazi. Toutes les femmes arrêtées ce jour-là sont issues de milieux populaires bien que la collaboration toucha autant les hautes que les basses sphères. Elles sont 11, tondues puis marquées au fer rouge afin de laisser une trace de leurs liaisons passées.

L’ordre est alors donné de libérer ces femmes et de les raccompagner en procession dans les rues de la ville jusqu’à leur domicile. Robert Capa prend alors les devants, se place au milieu de la chaussée sur la place Jean Moulin et déclenche son Contax® au passage de la foule. Ainsi naquit l’une des photos symboles de la libération française.

Robert Capa n’a jamais connu l’histoire de la chartraine, modèle de sa photo, ayant fait la une de Life Magazine en septembre 1944. Elle s’appelle Simone Touseau et a 23 ans au moment des faits. Entourée par les injures et les rires haineux de la foule, elle tient dans ses bras son bébé, dont le père était un soldat allemand (chargé d’une bibliothèque militaire locale).

 

Si l’histoire derrière la photographie vous intéresse, prenez le temps de lire « La tondue 1944 – 1947 » co-écrit par Philippe Frétigné et Gérard Leray aux éditions Vendémiaire.