L'Eure du banquet

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Les Terres de Chartres au temps de Louis XIV


Aude
Et si nous posions un œil sur Chartres et ses environs tels qu’ils étaient au temps du Roi Soleil ?
Admirer des lieux visités par le Roi Soleil
Visiter deux lieux incontournables des Terres de Chartres

1# La cathédrale Notre-Dame de Chartres
C’est en 1647 que Louis XIV découvre ce monumental édifice, classé aujourd’hui au patrimoine mondial de l’UNESCO. De quoi inspirer au futur monarque des envies de grandeur, ne pensez-vous pas ?
Un instant chargé en symboles
Pour rappel, Anne d’Autriche et Louis XIII ont eu tardivement leur premier-né : Louis-Dieudonné. Celui-ci est donc considéré comme un véritable don du ciel et il amène le monarque Louis XIII à former un vœu, celui de consacrer le royaume de France à la Vierge Marie. Il fait ainsi du 15 août, jour de l’assomption, un jour férié pour l’ensemble du pays.
C’est à l’occasion de la fête de l’annonciation (commémoration de l’annonce à la Vierge Marie de sa maternité par l’archange Gabriel), que la Reine et le jeune Louis XIV viendront à Notre-Dame de Chartres, haut lieu du culte marial.

2# Le château de Maintenon
On ne peut parler du Roi Soleil sans mentionner ce château à 1h de Paris et sa célèbre propriétaire : Madame de Maintenon.
En compagnie de Madame de Montespan
C’est en 1674 que Françoise d’Aubigné, future marquise de Maintenon, va acheter le château et le titre qui lui est associé. Le duc de Saint-Simon, chroniqueur à la Cour du Roi, nous rapporte que c’est Madame de Montespan, alors maîtresse du monarque qui le pousse à l’achat. Mme d’Aubigné, veuve Scarron, est alors gouvernante des enfants du Roi et de sa favorite. Voici ses mots :
"La terre de Maintenon étant tombée en vente, la proximité de Versailles en tenta si bien Mme de Montespan, pour Mme Scarron, qu'elle ne laissa point de repos au roi qu'elle n'en eût tiré de quoi la faire acheter à cette femme, qui prit alors le nom de Maintenon, ou fort peu de temps après. Elle obtint aussi de quoi en raccommoder le château, et attaqua le roi encore pour donner de quoi rajuster le jardin, car MM. d'Angennes y avaient tout laissé ruiner."
Le duc de Saint-Simon nous raconte aussi que, selon les dires du maréchal de Lorges, le monarque est agacé par l’attachement de Madame de Montespan à cette femme. Il juge lui avoir donné assez et ne comprend pas que sa maîtresse ne s’en défasse pas alors qu’il le lui a lui-même demandé. Ce que Madame de Montespan ne savait pas, c’est que plus tard, c’est le monarque lui-même qui ne pourra plus s’en défaire.
En 1677, madame de Montespan profitera du charme du château de Maintenon alors qu’elle est sur le point d’accoucher. À l’époque de sa venue, on ne peut pas encore apercevoir d’aqueduc au fond de la propriété. La maîtresse du Roi y donnera naissance à Françoise-Marie de Bourbon, fruit d’une réconciliation avec le monarque et qui sera légitimée en 1681.

En compagnie du Roi Soleil
Nous sommes en 1683, plusieurs années ont passé. Dans l’intervalle, Madame de Montespan est tombée en disgrâce aux yeux du roi, lassé de ses sautes d’humeur mais aussi car elle était compromise dans l’affaire des poisons. Madame de Maintenon, quant à elle, a gagné le cœur de Louis XIV et l’a épousé de manière morganatique au décès de la reine Marie-Thérèse d’Autriche.
Il vient à plusieurs reprises au château de Maintenon car à partir de 1684, il lance un projet monumental : le canal de l’Eure. Il a pour but d’alimenter davantage les grandes eaux du château de Versailles. Nous y reviendrons plus loin dans cet article. Un fait est certain : ce canal n’est pas au goût de la marquise. Pourquoi ? Celui-ci doit passer au fond de son parc, qui se trouve abîmé de surcroît par les travaux. Il va laisser sa marque sous la forme de l’aqueduc que nous pouvons encore admirer aujourd’hui. Pour suivre lesdits travaux de cet œuvre grandiose, Louis XIV se rendra plusieurs fois au château de Maintenon où il dispose de sa propre chambre.

En compagnie de Racine
Jean Racine, aujourd’hui connu comme un de nos grands dramaturges et poètes français, est, en 1677, devenu l’historiographe du Roi. Il est ainsi en charge de rédiger l’histoire de la monarchie et du royaume de France. Quelques années auparavant, il a été élu à l’académie française puis, par la suite, anobli. Ainsi, il est l’un des courtisans les plus proches du Roi Soleil.
Il ne délaisse sa charge d’historiographe que quelques temps, à la demande de madame de Maintenon, pour écrire deux tragédies bibliques destinées à la Maison royale de Saint-Louis. Elle est l’instigatrice de la fondation de cette institution, qui a vocation d’instruire les jeunes filles issues de la noblesse pauvre, un écho à sa propre histoire. C’est ainsi que vont naître les œuvres Esther (1689) et Athalie (1691). Dans le cadre de ce travail, Madame de Maintenon invite Racine au château de Maintenon où il va loger le temps de rédiger Athalie, sa seconde œuvre.
Aujourd’hui, l’une des allées du jardin à la française du château dessiné par Le Nôtre, célèbre jardinier du Roi, a été baptisée en son nom afin de lui rendre hommage.

3# Le canal Louis XIV
Revenons sur le grandiose aménagement souhaité par le Roi Soleil et qui l’a fait si souvent venir à Maintenon : le canal de l’Eure, associé aujourd’hui directement au monarque sous le nom de canal Louis XIV.
Grand amateur de l’antiquité classique et de sa fastueuse architecture, le Roi avait en tête de mettre en avant sa grandeur par un nouveau projet d’envergure ayant pour objectif pratique d’alimenter les grandes eaux de Versailles. Il avait dans l’idée de surpasser le pont du Gard à Nîmes, qui aurait semblé chétif face à cette œuvre. Aujourd’hui, l’aqueduc de Maintenon est l’un des témoins de cette idée pharaonique.
Cependant, ce projet ne verra jamais le jour bien qu’il ait marqué pour toujours le paysage des Terres de Chartres.
Alors, marcherez-vous dans les pas du Roi Soleil lors de votre prochain séjour ?
Find a place En route vers les essentiels des Terres de Chartres...
Croquez dans la cathédrale à pleines dents !
Des spécialités gourmandes à son image


Aude
Cet hiver, réconfortons-nous avec une gourmandise, hommage à notre grandiose cathédrale de Chartres !
S'accorder un petit plaisir pour mieux affronter le froid hivernal
Croquer un petit bout de patrimoine avec délice

1# Le pèlerin : spécialité du Grand Monarque
En cette saison, nous avons besoin de nous délecter de gourmandises qui nous font du bien. Le pèlerin en fait partie. Ce gâteau est un savoureux moelleux dont chaque bouchée est un véritable condensé de douceur avec ses arômes d’amandes, de noisettes, de miel et de vanille. Si on pèche par gourmandise, on a la surprise de goûter à une étonnante pâte de fruits à la pomme. Enfin, le pèlerin est une invitation à déguster notre terroir avec ses produits issus de l’agriculture régionale.
Le nom de cette spécialité gourmande trouve son origine dans l’histoire chartraine. En effet, la cathédrale de Chartres a, de tous temps, été un centre de pèlerinage d’importance. Ainsi, ce délicieux biscuit moelleux a été pensé par le Grand Monarque comme un gâteau de voyage pouvant s’offrir, s’emporter et se conserver longuement telles les provisions des pèlerins de l’époque. Ultime hommage à la cathédrale, le mystérieux labyrinthe de Chartres et ses méandres se dessine en sucre glace à son sommet.

2# Les créations de David Lambert Chocolatier
S’il y a un chocolatier inspiré par notre cathédrale classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, c’est bien David Lambert. Cet artisan chocolatier a réinventé une autre spécialité locale de Chartres à sa façon : le mentchikoff. Il a nommé sa création : le vitrail de Chartres. Autour de son praliné à base d'amandes, de noisettes broyées et caramélisées recouvert d’une meringue, il a créé un enrobage chocolaté avec une pointe de bleu. Pourquoi ? C’est une dédicace au fameux bleu de Chartres que l’on peut retrouver dans les vitraux de la cathédrale, notamment dans celui de Notre-Dame de la Belle Verrière.
Ce n’est pas la seule spécialité qu’il a lancé autour de ce grandiose monument d’Eure-et-Loir. Une autre création a vu le jour : les Pavés du Parvis, dont la référence parle d’elle-même. Pour sa part, cette spécialité associe grains de sésame et nougatine. Un régal !
Enfin, dernièrement, il a lancé une nouveauté : Chartres en chocolat. On retrouve sur un carré de chocolat bio d’exception des lieux de la ville dont notre belle cathédrale mais aussi la place Billard (sur laquelle s'élevait autrefois le château comtal de Chartres), le pont des minimes ou encore la Porte Guillaume. Pour le réaliser, le chocolat a été sélectionné avec soin pour faire écho à ce que les monuments inspiraient à son créateur.

3# Les thés de Chartres de la brûlerie Chartraine
Pour clore cette parenthèse 100% cocooning, quoi de mieux qu’un bon thé ? Et cela tombe à pic, la Brûlerie Chartraine nous charme avec toute sa gamme de thé dont les noms évoquent la beauté de la cathédrale.
Le labyrinthe de Chartres et le Bleu de Chartres ont été aussi des sources d’inspiration et ont donné respectivement leurs noms à un délicat mélange de thé vert et noir parfumé à la fraise, pistache, caramel et orange sanguine pour l’un ; aux agrumes, fruits rouges et fleurs de violette pour l’autre.
Find a place À travers cet article...
5 faits méconnus sur le Séminaire des Barbelés


Aude
Entrez dans l'intimité du Séminaire des Barbelés, une initiative extraordinaire au sortir de la Seconde Guerre mondiale !
Visiter un lieu de mémoire chargé de souvenirs
Entrer dans les coulisses de l'Histoire

Qu’est-ce que le Séminaire des Barbelés ?
Après la Seconde Guerre mondiale, environ 38 500 soldats allemands ont été emprisonnés dans un camp au Coudray, non loin de Chartres. C’est en ce lieu qu’une singulière initiative a vu le jour. L’idée était de créer un séminaire pour réunir les étudiants germanophones en théologie et former ainsi le futur clergé allemand dans une philosophie de réconciliation franco-allemande. L’Abbé Stock, lui-même ayant le statut de prisonnier de guerre, est en charge de sa direction sous la responsabilité de Monseigneur Harscouët, évêque de Chartres.
Ainsi, les séminaristes de tous les camps de prisonniers en France furent réunis à Chartres pour commencer ou poursuivre leurs études. Le nombre d’étudiants par promotion allait de 400 à 500. Aujourd’hui, le Séminaire des Barbelés peut se visiter et permet de se plonger dans la mémoire de ce lieu.

1 # Des enseignants eux-mêmes prisonniers
Le corps enseignant du séminaire était constitué de prêtres et professeurs réquisitionnés dans des camps d’officiers mais pas seulement… Plusieurs enseignants vinrent volontairement d’Allemagne et acceptèrent le statut de prisonniers. Par ailleurs, certains d’entre eux étaient laïques.

2 # Le réfectoire, un lieu à la fois d’études et de vie
L’appel au réfectoire se faisait au son d’un marteau frappé sur de l’acier. Ici, on mangeait les repas autour de longues tablées. Malgré le grand nombre de séminaristes, tout se passait dans la plus grande discipline. Chacun disposait de sa place attribuée. Le séminaire avait sa propre cuisine. Au menu, on retrouvait le plus souvent une soupe chaude constituée de pois et farine de soja, apportée au réfectoire dans de grands récipients. Peu nourrissante, la faim était souvent la compagne de ces jeunes séminaristes.
C’est également dans cette salle commune qu’étaient donnés les cours et conférences.

3 # Le futur pape Jean XXIII vint au Séminaire des Barbelés
Des hôtes de marque venaient rendre visite aux séminaristes. Lorsqu’un visiteur était annoncé, un drapeau d’or et de blanc était hissé. Il était placé à la table des professeurs sur une estrade dans le réfectoire. L’Abbé Franz Stock le saluait et s’adressait ensuite aux étudiants. Des évêques de France et d’Allemagne vinrent à leur rencontre dont notamment celui de Chartres, Monseigneur Harscouët, qui venait souvent et célébrait la messe avec eux.
Monseigneur Roncalli, futur pape Jean XXIII se rendit au séminaire à 4 reprises. Lors de sa dernière visite, le 5 avril 1947, il ordonna prêtres 4 séminaristes et prononça les paroles suivantes :
« Le séminaire de Chartres honore aussi bien la France que l’Allemagne. Il apparaît comme prédestiné à devenir un symbole de l’entente et de la réconciliation. »

4# De la musique au Séminaire des Barbelés ?
Un chœur et un orchestre se produisaient lors de célébrations données dans le Séminaire des Barbelés. De quoi enrichir toute représentation qui s’y passait !

5 # Le dortoir était surnommé « Le palais des glaces » pendant l’hiver
Le dortoir occupait une grande superficie du bâtiment dans lequel se trouvaient les séminaristes. Il était équipé de plusieurs rangées de châlits à 3 niveaux placés les uns à côté des autres. Seuls 2 poêles à bois chauffaient l’ensemble. Ainsi, en hiver, le dortoir était donc surnommé le "palais des glaces". De plus, la charpente était infestée de punaises… C’est un des exemples des conditions de vie dans le camp. Les séminaristes restaient des prisonniers. Ils avaient uniquement accès à de l’eau froide pour leur toilette mais aussi pour laver leur linge (dont ils devaient s’occuper eux-mêmes).
On peut donc comprendre pourquoi lorsque le soleil illuminait le bloc 1 du camp de prisonniers où se trouvait le séminaire, les étudiants en profitaient pour lire ou travailler dehors. L’espace de leur bloc était assez important pour se permettre une promenade ou la pratique d’un sport. De quoi s’aérer l’esprit et tâcher d’oublier les barbelés entourant le séminaire de Chartres !
https://www.youtube.com/watch?v=kO9zbbqFIGQ
Pour en savoir plus...
C'est à travers cette vidéo réalisé par les éditions Jade et le centre européen de rencontre Franz Stock en 2006 que nous avons pu remonter le temps et en apprendre plus sur la vie au sein du Séminaire des Barbelés.
N'hésitez à vous rendre ce lieu marquant une page de notre histoire ! Ouvert toute l'année, sa visite guidée vous permettra d'en apprendre davantage sur la vie de Franz Stock, son directeur, mais aussi sur cette épisode d'après-guerre dont il est important de se souvenir.
Find a place Partez sur les traces de Franz Stock et du Séminaire des Barbelés...
Visite des pépites et secrets en Terres de Chartres à Berchères-les-Pierres


Anne-Marie
À Berchères… Les pierres prennent vie.
Aller hors des sentiers battus en Terres de Chartres
Se réapproprier notre patrimoine local

L'église et ses secrets dévoilés
Rendez-vous est donné dimanche à 15h place de l’église du joli village de Berchères. Une vingtaine de curieux se pressent autour de notre guide, Gilles Fresson. Passé la porte de l’église paroissiale, l’enchantement commence et ne cessera que 2h plus tard à quelques centaines de mètres de notre point de départ.
Dans l’église, avec érudition et simplicité, Gilles nous indique chaque curiosité, chaque petit détail charmant tout en expliquant le lieu, son histoire et sa portée. On y découvre les pierres tombales de laboureur (dont une fit un lointain pèlerinage), des blasons d’évêques, des techniques de construction et de décoration autant que l’histoire de vitraux Lorin au XIX et XXème siècles… Tout le bâtiment prend vie et s’éclaire.

Les curiosités de la ville et leurs anecdotes racontées
C’est ensuite aux rues du village de livrer leurs secrets petits et grands, puis à l’éolienne Bollée dont on apprendra toute l’histoire et l’utilité. Enfin, vient le tour de la plus ancienne ferme de Berchères dont le majestueux porche raconte l’histoire très liée à celle des évêques de Chartres mais aussi l’agriculture en Beauce plus généralement.

Une promenade à la carrière de Berchères pour découvrir sa fascinante pierre
La promenade se termine en voyage dans le temps, au pays de ces pierres qui ont fait la Cathédrale. Dans la carrière dont une petite partie est encore en exploitation, c’est toute l’histoire de la plaine de Beauce qui nous est dévoilée et la fascinante spécificité de la pierre de Berchères qui nous est expliquée.
2 heures légères et fortes, denses et solides comme la pierre de Berchères.
Envie de participer à la prochaine visite à Berchères-Saint-Germain (anciennement Berchères-La-Maingot) qui aura lieu le 24 octobre 2021 ? C'est par ici :
Il était une fois au fil de l’Eure… (2/2)


Aude
Fin d'une escapade, reprenons notre balade sur les bords de l’Eure en basse ville de Chartres.
S’émerveiller devant le charme bucolique de la basse ville
S’offrir un voyage dans le temps durant sa balade en imaginant la vie au Moyen-Âge le long de l’Eure

5# La passerelle Saint-Nicolas
Souvenez-vous, dans ma précédente expérience, nous nous étions arrêtés au niveau du pont des Minimes et du Moulin de Ponceau. J’allais me rendre à la passerelle Saint-Nicolas près de la collégiale Saint-André, devenue aujourd’hui un lieu d’expositions pour le Chemin des Arts.
C’est entre ses deux franchissements de l’Eure, que celle-ci dispose de sa plus grande largeur. Il faut savoir que dès le 2e siècle, cette rivière donnait la possibilité à des embarcations à faible tirant d’eau de s’y déplacer. Cela favorisait le commerce de céréales, de vin et par la suite de matériaux. Cependant, cette permission de navigation fut très fluctuante dans le temps. Quelques rois ont tenté de la faciliter. Cependant, son exploitation fut plusieurs fois interrompus pour diverses raisons. En égrenant ces faits dans mon esprit, j’observe des canards glissant doucement sur l’eau et me dis qu’autrefois, ce fut quelques bateaux qui réalisaient ici leurs manœuvres.
Tout à côté de la passerelle Saint-Nicolas, construite en bois en 1859 et reconstruite en fer en 1874, je vois la fontaine du même nom. Elle eut de nombreuses fois le rôle de point d’alimentation en eau potable pour les chartrains. Elle nous rappelle un métier d'autrefois : les "éviers" ou porteurs d'eau. Ils avaient pour mission d'aller au quotidien chercher de l'eau pour les habitants de la ville haute.

6# Le pont Saint-Thomas
Ce pont en pierre a un côté intimiste. Accessible uniquement à pied, il nous donne un autre point de vue sur la collégiale Saint-André et ses arches brisées. En les regardant, je me demande à quoi pouvait ressembler la structure surplomblant l'Eure, accueillant le choeur de cet édifice religieux. Cela devait être impressionnant, sans aucun doute.
Je jette un regard à un lavoir situé à proximité du pont. Nous arrivons en fin de balade.

7# Le pont du Massacre
En traversant le pont du Massacre pour rejoindre la rue de la Brèche, dernier arrêt de ma balade, je m’arrête pour observer le panorama qui se montre à moi sur ma droite. Cette vue est si apaisante à mes yeux avec ses lavoirs jouxtant l’Eure. Une atmosphère ressourçante qui semble bien paradoxale avec le nom des lieux : le pont du Massacre.
Quel massacre ? Y aurait-il eu un événement dramatique en cet endroit dû à une quelconque guerre ? C’est souvent la question que m’ont posé mes proches au sujet de ce terme. En vérité, cela n’a aucun rapport avec un conflit. En fait, le "massacre" se réfère à un abattoir. En 1500, un hangar important est construit à cet effet. Il avait pour but de permettre aux bouchers d’y abattre leurs bêtes plutôt que dans leurs échoppes. On peut le voir sur le tableau représentant le siège de Chartres de 1568. Cependant, nombreux sont ceux ne l’ayant pas employé et ainsi, il ne joua jamais réellement le rôle voulu soit celui d’assurer une hygiène indispensable à la ville (soumise à de multiples reprises à la peste).

Le saviez-vous ?
Les métiers des bords de l’Eure sont représentés à travers les vitraux de la cathédrale de Chartres. On appelle ce type de réalisations : les vitraux des donateurs. Diverses corporations ont fait des donations pour voir l’exercice de leur profession, représenté sur ses murs de verre. Au-delà de permettre de valoriser leurs activités, elles permettaient également de mettre en avant leur prospérité.
© Source des informations historiques : "Chartres, par rues, tertres et monuments" de Guy Nicot
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Il était une fois au fil de l’Eure… (1/2)


Aude
Envie de prendre l’air ? Je vous invite à me suivre à travers une balade en ville basse de Chartres.
Replonger dans les souvenirs d’enfance d’Anatole France
Être séduit par le charme de la basse ville emplie de jolis ponts et lavoirs

1# Le moulin Saint-Père
Je commence mon périple au niveau du moulin Saint-Père, dans la rue de la Grenouillère. J’aime passer par cette jolie rue en basse ville. En portant mon regard vers la cathédrale au loin, je dispose d’un panorama plein de charme avec notamment le lavoir de la grenouillère. À mes yeux, il est l’un des plus beaux de Chartres. Le long de l’Eure se trouve de magnifiques lavoirs, qui s’illuminent à l’occasion de Chartres en lumières. Le pont sur lequel je me trouve, l’un des plus anciens de Chartres, arbore également des habits de lumières à l’occasion de cet événement.

Un lieu rattaché aux souvenirs d’enfance d’Anatole France...
Dans mon dos, le moulin Saint-Père me conte son histoire. On trouve des traces de son existence dès le 11e siècle. En effet, la petite-fille du comte Eudes 1er de Blois et de Berthe de Bourgogne (évoqués dans "Les amoureux de Chartres") dispose de moitié de ce moulin. Il le vend à un homme, qui devint moine par la suite. Il en fit alors don à l’Abbaye de Saint-Père-en-Vallée. Il faut savoir que la dénomination de moulin Saint-Père intègre également deux moulins avoisinants, le moulin des morts et le moulin Herle, en plus de celui de la comtesse.
À partir de 1791, Mathurin II Gallas en devient propriétaire. Puis, en 1817, la future grand-mère d’Anatole France en est l’unique propriétaire. Dans le livre Pierre Nozière, l’écrivain évoque ses souvenirs d’enfance. Il nous parle d’elle en nous indiquant qu’elle devait s’y plaire surtout l’été. Mais aussi, il se remémore la vie qui s’y déroulait :
"… devait lui plaire l’été surtout, alors que la lumière embellissait les rives de l’Eure toutes vibrantes des appels et des coups de battoir des lavandières. Du matin au soir, le Moulin emplissait l’air de son bourdonnement, les charrettes amenaient le blé, et s’en retournaient chargées de farine. Les clients et les voituriers transmettaient les nouvelles de tout le pays aux alentours de Chartres." - Anatole France

... Où l'art s'exprime sur les murs !
Je ferme alors les yeux pour m’imaginer cette scène d’autrefois. En les ouvrant, j’observe sur l’un des murs du moulin, une œuvre de la street-artiste Miss Tic. Elle nous laisse le discret message : "L’art et la vie ne font qu’un" et devant le tableau que m’offre les rives des bords de l’Eure derrière moi. Je ne peux pas être plus d’accord avec ses mots.
Au-delà de Miss Tic, plusieurs street-artistes ont laissé leur empreinte dans les rues de Chartres. En effet, depuis plusieurs années, le street-art fait sa place dans notre cité d'Eure-et-Loir notamment avec le Boulevard du Graff. J'aime parcourir la ville à la recherche des traces de leur passage. N'hésitez pas à vous rendre au bureau d'information touristique de l'Office de Tourisme, après le confinement, pour demander un plan et y découvrir un circuit 100% street art.

2# Le pont Saint-Hilaire et Taillard
Je prends ensuite la rue du Frou pour me rendre au Pont Saint-Hilaire, l’un des ponts les plus fréquentés aux temps médiévaux. Une voie d’accès principale à la cité de Chartres pour les voyageurs qui venaient d’Orléans. En m’appuyant contre le parapet du pont, je porte le regard sur les arches du lavoir Saint-Hilaire en contrebas. En levant les yeux, j’aperçois le pont Taillard, il est l’un des plus anciens ponts de la ville comme celui de Saint-Père. Je me représente des embarcations sur l’eau, la franchissant tranquillement. Ma rêverie m’emporte et je me demande à quoi ressemblait la vie en basse ville, à travers les âges, l’agitation qu’il pouvait y régner car elle était alors le théâtre de nombreux moments festifs de la ville.
Lors de votre propre promenade, je vous invite à jeter un œil aux noms des rues. Ils nous donnent de précieux renseignements sur les activités qui longeaient l’Eure. Une plaque émaillée, réalisée par l'artiste Alain Péanne, m’indique que je suis dans la rue de la Foulerie. Elle représente un drap mis à sécher. N'hésitez à partir sur la piste de ses oeuvres tout au long du parcours.
Il faut savoir que les métiers du quartier étaient notamment en lien avec le travail des cuirs et la réalisation de draps. C’était une activité très développée à Chartres et de renom. La rue que j’emprunte évoque la fin du processus de travail de ces deux activités. Il s’agissait d’une étape visant à battre les étoffes, comme les peaux dans des cuves, afin de les dégraisser.

3# Le pont Bouju
Je continue ma route pour arriver au croisement de la rue de la Foulerie et de la Tannerie. Sur ma droite, j’aperçois la Porte Guillaume ainsi que les commerces et restaurants qui l’entourent. J’adore l’ambiance de cette rue avec ses maisons à pans de bois. Je ne peux que vous conseiller un arrêt au restaurant L'Estocade ainsi qu’à la Crêperie des 3 Lys. Au-delà d’être de belles adresses gourmandes, le décor qu’elles offrent vaut le détour.
Sur ma gauche se dresse le fameux pont Bouju. En plus d’être un endroit rêvé pour une photo "carte postale", ce pont était la voie d’accès à Chartres depuis la route de Paris. Il fut un temps, des maisons bordaient ce pont. J’ai mal à me les représenter en observant les lieux. Par ailleurs, au Moyen-Âge, un véritable marché autour des métiers des bords de l’Eure s’était formé. Encore une fois, je n’ose imaginer l’animation qui régnait en ses rues.

4# Une pause à la passerelle des Trois-Moulins
J’adore tout particulièrement cet endroit. En y arrivant, je décide de m’accorder une pause sur le banc de pierre en contrebas, accessible via un petit escalier à proximité de ladite passerelle. Les habitués s’en rappelleront. Mais, auparavant, ce lieu disposait d’un charme supplémentaire avec son saule pleureur et ses magnifiques branchages dansant au gré du vent. Malheureusement, celui-ci a dû être débité du fait d’un champignon qui le rongeait. Mais au fil des années, un nouvel arbre de la même essence va progressivement pousser pour redonner à cette passerelle son atmosphère unique.
Récemment rénovée et avec son petit îlot fleuri, je ne me lasse tout de même pas du panorama offert par la passerelle des Trois-Moulins.
En reprenant mon chemin vers le pont des Minimes, je passe devant les Ateliers Lorin, le plus ancien atelier de maîtres-verriers de Chartres. J’ai hâte de voir cette maison, recueillant un savoir-faire ancestral, réouverte au public. L’art du vitrail, qui s’est exprimé et s’exprime encore entre ses murs, rayonne à travers le monde.

5# Le pont des minimes et le port de Chartres
Ce pont porte son nom en référence à un couvent de religieux situé à proximité. Il y fut fondé à partir de 1615. D’ailleurs, en traversant le pont, vous pouvez découvrir ce qu’il reste de son entrée, un portail à la jonction de la rue de la corroierie et Saint-André (dans l’alignement du pont). Revenons au dit pont. J’ai appris il y a peu, que celui-ci avait aussi eu le nom de pont des Casernes suite à la Révolution. Il faisait alors référence à des casernes installées non loin au milieu du 18e siècle. Par ailleurs, le pont fermait également un plan d’eau assez vaste qui était, jusqu’au 16e siècle, le bassin d’un port. Vous l’imaginez ? Un port au cœur de la ville de Chartres ? Accolé à ce pont, se trouve le Moulin de Ponceau : un lieu entièrement réaménagé en restaurant qui donne sur l’Eure. Un cadre magique !
Je me tourne et fait face à la collégiale Saint-André et la passerelle Saint-Nicolas située à ses pieds. Il est temps de continuer cette balade au fil de l'Eure.

Le saviez-vous ?
Des moulins se situaient tout au long de l’Eure dans la basse ville. En 1464, leur nombre s’élevait à 11, en 1591 à 9 et en 1678 à 8. Bien sûr, on retrouve le moulin de Saint-père. Puis, près de l’actuel pont Bouju, nous trouvions ceux de Tomblaine et de Rogers, qui prirent le nom des Pousteaux. Au niveau du pont des Trois-Moulins, nous pouvions découvrir ceux de Chaume et des Cinq-Ruelles. Enfin, non loin du pont des Minimes, ceux de Cochefilet, du Ponceau et celui des Sept-Arches.
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Les fabuleuses histoires des maîtres-verriers de Chartres


Aude
L'art du vitrail est très présent dans notre Destination. Voici en 6 points ce qu’il faut retenir de nos maîtres-verriers à Chartres et dans ses environs...
Découvrir l'histoire du vitrail et des maîtres-verriers de Chartres et ses alentours

Ils ont le sens de la famille
Quand on s’intéresse aux ateliers de maîtres-verriers de Chartres et de ses alentours, on se rend compte que plusieurs d’entre eux se sont construits sur une véritable histoire de famille : certains, depuis des générations et des générations, comme les Ateliers Loire, d’autres sont au début de ce partage de compétences de père en fils comme l’Atelier Picol ou l’Atelier Petit, et, d’autres encore, ont vu leur patrimoine familial perdurer grâce à la passion de repreneurs comme les Ateliers Lorin.

Ils ont le goût de la transmission
La transmission du savoir est donc au cœur de la démarche de chacun de ces ateliers. Il est intéressant de voir les parcours qui les unissent. Les Ateliers Lorin ont, par exemple, vu le passage de Gabriel Loire avant qu’il fonde son propre atelier. Pour sa part, Vincent Pascal a travaillé aux Ateliers Loire avant de se lancer à son compte. Si l’on retourne du côté des Ateliers Lorin, il est amusant de voir qu’il s’agit d’anciens employés de cet atelier historique de Chartres, qui ont fini par en prendre la direction avec la collaboration de la Ville de Chartres.

Ils ont chacun leur vision de l’art du vitrail
Si la passion les anime, chaque maître-verrier dispose de sa propre vision sur cet art ancestral ayant traversé les âges. Leur démarche artistique est à l’image de leur parcours individuel.
Si on s’intéresse au travail de Vincent Pascal, spécialisé dans la peinture sur verre et étant également graffeur, on s’aperçoit vite qu’il aime jongler entre la valorisation des techniques traditionnelles et l’apport de modernité permise par le travail de la peinture. C’est une symbiose entre deux univers, celui du vitrail et du graff, l’association de la rigueur et de la méthode avec la spontanéité et la liberté.
Chaque maître-verrier participe à sa façon au renouveau de l’art du vitrail comme à sa préservation.

Ils ont le goût de l’innovation
Par leurs spécificités, ces maîtres-verriers à Chartres et ses alentours ont tous la volonté d’innover. Certains furent de véritables pionniers dans leurs domaines, Gabriel Loire fut précurseur avec ses vitraux en dalle de verre. Une innovation qui a perduré dans les générations suivantes avec le développement de la brique Loire porté par son fils, Jacques.
De son côté, Michel Petit a été l’un des pionniers dans le travail et la peinture du verre par thermoformage. Il a également parfait des techniques de restauration et de conservation de vitraux prestigieux. Une technique qui perdure avec son fils.
Aujourd’hui, l’Atelier Petit et Lumière de Verre travaillent toujours dans l’innovation avec une passerelle entre créations en verre et projection lumineuse. Ainsi, ils donnent vie à de véritables décors hauts en couleurs.
Les jeunes générations ne sont donc pas en reste. L’Atelier Picol avec notamment la technique du fusing, collabore avec un street artiste EZK. Ensemble, ils créent des œuvres originales faisant la liaison entre l’art urbain et celui du vitrail, comme peut le faire aussi Vincent Pascal, artiste pluridisciplinaire.

Ils ont l’art de vous surprendre
Quand on se penche sur ces artistes, on note également que plusieurs d’entre eux ont de nombreuses flèches à leur arc. Nous évoquions à l’instant, Vincent Pascal et le street art, mais il est loin d’être le seul.
Gabriel Loire avait, pour sa part, exploré d’autres formes d’art que celui du vitrail comme la céramique, la mosaïque, la sculpture ou encore le dessin. De son côté, Michel Petit est également un artiste complet, passionné par la sculpture et le dessin, avec notamment la réalisation d’œuvres d’art monumental.
C’est amusant de voir comme leur polyvalence a également nourri leur art.

Ils ont une aura qui dépasse les frontières
Ces ateliers ont aussi une renommée qui va au-delà de l’hexagone. En Europe voire dans le monde entier, les œuvres de certains d’entre eux sont reconnus.
- C’est le cas des Ateliers Lorin. À Hô-Chi-Minh-Ville, on peut notamment découvrir une de leurs créations à la cathédrale Notre-Dame de Saïgon. Les vitraux originaux furent créés en 1880 par les Ateliers Lorin et furent restaurés par l’équipe ayant repris la direction des ateliers en 2018.
- Les Ateliers Loire disposent aussi d’un rayonnement à l’étranger. Ils ont travaillé sur des chantiers à travers le monde : en Europe, aux Amériques, en Asie, en Océanie et en Afrique. Par ailleurs, les ateliers se sont aussi ouverts à d’autres artistes. Ce qui a permis notamment des collaborations avec des artistes internationaux comme le coréen Kim En Joong et l’espagnol Joan Miró.
- Michel Petit a également réalisé quelques travaux de créations à l’étranger en Europe : en Angleterre, en Italie et aux États-Unis.
Vous l’aurez compris, si Chartres veut se donner le titre de capitale de l’art du vitrail, ce n’est pas pour rien. De nombreux artistes passionnés font le rayonnement de cette ville au cœur de l’Eure-et-Loir et permettent à l’art du vitrail d’être plus vivant que jamais.
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5 monuments historiques à l’histoire insoupçonnée


Aude
Plusieurs monuments historiques de Chartres cachent de belles histoires. Et si nous prenions le temps de les découvrir ?
En apprendre plus sur ces bâtisses devant lesquelles nous passons

L’Hôtel Montescot
Commençons notre parcours au niveau de la place des Halles, avec l’hôtel particulier Montescot. Ses façades et ses toitures ont été classées aux monuments historiques le 31 mai 1939. Il attire indéniablement le regard lorsqu’on passe à ses abords avec son pêle-mêle de briques rouges et de pierres de taille. Des éléments décoratifs attirent l’œil lorsqu’on prend le temps de détailler le lieu.
L’histoire de ce monument commence en 1546 avec Jean de Montescot. Administrateur des domaines et revenus du duché de Chartres, il léguera l’hôtel à son fils Claude en 1575. Secrétaire et fidèle du roi Henri III, Claude de Montescot va devoir fuir la ville alors aux mains de la Ligue catholique. Le pays est plongé dans les guerres de religion et ce n’est que la prise de Chartres par Henri IV en 1591, qui favorise son retour. Il doit alors faire reconstruire son hôtel particulier qui avait été détruit. Il l’acheva en 1614 comme nous le rappelle une inscription sur la façade.
Ce qui me plaît beaucoup sur les façades extérieures du monument, ce sont les bustes de la famille royale. Il faut savoir que la Ville de Chartres a acquis le bâtiment en 1824 et a procédé à la restauration des façades en 1857. Ce sont lors de ces travaux que les bustes originaux d’Henri IV, de Louis XIII et de Marie de Médicis sont remplacés. Autrefois, ils avaient été commandés par Claude de Montescot afin de montrer son attachement à la royauté.
Le saviez-vous ? Par erreur, les armoiries qui ont été gravés sur le portail vers la cour sont celles de Jean de Montescot, sergent royal au 15e siècle, et non celles des Montescot à l’origine de la construction de l’hôtel.

La Maison du Saumon
Partons maintenant à la découverte de la Maison du Saumon, non loin de la cathédrale de Chartres. Sa construction date du 15e et 16e siècle. Comme l’hôtel Montescot, on ne peut la manquer en passant du côté de la place Billard. Avec sa façade à pans de bois penchée, elle attire notre regard presque malgré elle. Le bâtiment fût inscrit dans son intégralité aux monuments historiques en 1958.
Et quand je m’en approche, je ne peux m’empêcher d’imaginer l’ambiance qui régnait dans les lieux au 15e siècle, quand il s’agissait du lieu de vente d’un commerce de poissons. L’atmosphère devait être captivante entre négociations à la volée et conversations anodines.
Et, il faut savoir que son existence n’a pas été de tout repos. Au moment de la libération de Chartres durant la seconde guerre mondiale, la ville a subi de nombreux dégâts liés à la mise en déroute des troupes allemandes. La maison n’y échappa pas et le 1er août 1944, une bombe atterrit sur le quartier et l’édifice fut ainsi incendié. Les pompiers de l’époque durent aller puiser de l’eau dans la rivière de l’Eure en contrebas pour venir à bout du brasier.
Regardons au rez-de-chaussée, on peut observer le beau saumon, datant de la construction de la maison, à qui elle doit son nom. En levant davantage les yeux, on peut remarquer d’autres animaux sculptés au dernier étage. Ces derniers ont été ajoutés ultérieurement mais réalisés dans le style du 15e siècle.
Aujourd’hui, en poussant les portes de cette maison à colombages, on entre dans l’Office de Tourisme de Chartres Métropole. Ayant remplacé un restaurant gastronomique en 2009, le lieu a été transformé pour pouvoir vous accueillir dans les meilleures conditions et vous conseiller différentes visites et activités à faire à Chartres et dans son agglomération.

L’enclos de Loëns
Après être resté un moment sur la place de la Poissonnerie, je me glisse dans la rue aux herbes puis, avant d’arriver devant le portail sud de la cathédrale de Chartres, je fais le tour de la grande dame de pierre, par le parvis, pour me rendre jusqu’à l’enclos de Loëns.
Avec ce bâtiment, je me sens plongé dans le 13e siècle. L’édifice a été totalement restauré et abrite, désormais le Centre International du Vitrail. À l’intérieur, c’est tout le savoir-faire du vitrail qui est à la portée du visiteur.
Mais, je n’entre pas et essaie de plonger dans l’ambiance qui régnait autrefois dans la cour où je me trouve. Il faut savoir qu’à l’époque, le diocèse de Chartres était parmi les plus grands et les plus riches de France. Il disposait de nombreuses terres produisant vendanges comme moissons. L’enclos de Loëns abritait donc ces récoltes dans son cellier et son grenier. Mais, sa fonction ne s’arrêtait pas là. Quand j’ai cherché à en savoir plus sur ce lieu incontournable de la ville de Chartres, je fus étonnée d’apprendre qu’il accueillait également le tribunal ainsi que les prisons du chapitre.
Quand on regarde le bâtiment aujourd’hui, il me semble pouvoir y lire son ancienne fonction de centre de ressources agricole avec sa toiture à 3 pignons et ses colombages. On y sent la possible effervescence qui devait agiter les lieux à l’époque. Cependant, j’ai du mal à y rattacher cette notion judiciaire comme pénitentiaire. Comme quoi, les monuments historiques de Chartres peuvent nous surprendre par leur histoire !

Le Petit séminaire de Chartres
Et ce n’est pas le seul monument aux histoires insoupçonnées dans cette rue, mes pieds me portent plus loin dans la rue du Cardinal Pie et je me retrouve désormais devant une belle bâtisse.
Pour ma part, je passe quotidiennement devant cet édifice. Chaque fois, je me surprends à y poser les yeux. Je me suis rendue compte que je n’étais pas la seule à être irrémédiablement attirée par le charme de l’endroit. À de multiples occasions, j’ai pu observer des passants s’arrêter et s’extasier devant son architecture et s’y prendre en photo. Comme quoi son pouvoir de séduction n’épargne personne !
Est-ce sa grandeur ? Sa jolie symétrie ? Je ne saurais le dire mais en tout cas, je me suis renseignée sur son histoire et, comme son proche voisin, l’enclos de Loëns, il a eu de multiples fonctions par le passé, voire dans son cas, de multiples vies. Sa construction date du 18e siècle et, dans un premiers temps, rattaché au diocèse de Chartres, il a été le petit séminaire de Chartres. Entendez par là, une école catholique pouvant être comparée à un collège ou un lycée dans lequel on enseigne à de futurs prêtres comme à des élèves, qui resteront laïcs par la suite.
À la fin du 18e siècle, le petit séminaire fut transféré. Jusqu’au début du 19e siècle, plusieurs structures se succédèrent dans les locaux. On y vit divers tribunaux, une caserne de vétérans, une partie des classes de l’école centrale départementale mais également une caserne de gendarmes. Puis, le diocèse de Chartres fut rétabli, il reprit donc ce vaste bâtiment de la rue du Cardinal Pie et y installa le grand séminaire Saint-Charles, pour la formation des futurs prêtres. Ce n’est qu’au début du 20e siècle, après la séparation des biens de l’Église et de l’État, que les archives départementales prirent possession des lieux. En parallèle, l’édifice continuait d’avoir quelques fonctions judiciaires. Imaginez, le nombre d’histoires qui ont pu s’entrecroiser entre ses murs.
Aujourd’hui, il prête sa façade pour l’événement Chartres en lumières avec une illumination réalisée par Lumière de Verre rendant hommage à Marcel Proust. Une célébration lumineuse qui fait écho au centenaire de l’obtention par Proust du Prix Goncourt pour À l’ombre des jeunes filles en fleurs (1919). Un événement qui donnera lieu à de nombreuses animations en 2019 lors d’une manifestation appelée le Printemps Proustien.

La Maison Henri IV
Mon périple ne s’arrête pas là et je vous invite à finir ce circuit sur une passion : celle d’Henri IV pour Gabrielle d’Estrées. Pour cela, rendez-vous à la maison du 3 et 5, rue Chantault. Quand on passe à ses abords, elle ne se distingue pas forcément de ses voisines à part peut-être par sa hauteur. On ne la désignerait pas forcément comme le théâtre d’une histoire romanesque.
Entre 1553 et 1610, Chartres est assiégée par Henri IV, dit Henri de Navarre. Le futur monarque de France se livre pleinement aux guerres de religion et souhaite reprendre la ville, alors aux mains de la ligue catholique. Cependant, lors de son siège, il va faire la connaissance de la jeune nièce d’un gouverneur d’Île-de-France et Chartres, alors âgée de 17 ans : Gabrielle d’Estrées.
On la dit être un enchantement pour les yeux. Bien que cela ait dû séduire le futur Roi de France au premier regard, c’est sûrement son franc-parler et son obstination qui a dû susciter l’intérêt grandissant du roi pour sa personne et finalement, le fasciner. Car, une chose est sûre, elle lui a résisté. Elle lui a reproché aussi bien sa mauvaise haleine que sa fétide odeur corporelle. De quoi commencer une belle histoire d’amour ! Ce n’est que par l’entremise des proches de la jeune femme que débute la liaison entre Henri IV et Gabrielle d’Estrées. Après toute une série de péripéties, ils faillirent aller jusqu’au mariage. Cependant, la "presque reine" mourut avant la célébration, à l’âge de 26 ans, et ne fut jamais Reine de France.
Dans tous les cas, c’est dans cette demeure chartraine qui se dresse face à moi, que la passion du Roi envers sa jeune maîtresse s’est exprimée.
Je trouve toujours impressionnant que tant d’histoires insoupçonnées flottent dans l’air chartrain, faisant écho à des temps forts de l’Histoire de France. On comprend pourquoi la ville invite à y revenir lorsqu’on y pose un pied. Les anecdotes qui l’habitent sont nombreuses et, un seul week-end est bien peu pour parvenir à toutes les découvrir.
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Chartres insolite au début des années 1900


Aude
Pour cette expérience, j’ai envie de vous guider dans un circuit insolite à travers Chartres dans les années 1900.
Partir à la découverte de bâtiments et faits insolites de Chartres en 1900

Des œuvres architecturales insolites voient le jour
Au fil de mes lectures et visites guidées dans Chartres et ses environs, j’ai pris conscience, de jour en jour, de la richesse de l’histoire de la destination et cela continue encore aujourd’hui. Que ce soit par son patrimoine ou par les événements qu’elle a accueilli, Chartres a toujours le don de me surprendre. Est-ce que ce sera aussi le cas pour vous ?
On commence notre itinéraire sur la place Billard, non loin de la Maison du Saumon, l’actuel bureau d’information touristique de l’Office de Tourisme de Chartres Métropole. Anciennement, le château comtal s’élevait à cet emplacement. Suite à sa démolition, on y plaça un marché aux légumes. En 1899, on commença la construction d’une halle pour le transformer en marché couvert. Inspirée du style Baltard, elle fut inaugurée en 1900 et confère aujourd’hui à la place une ambiance d’antan.

1900 voit aussi la naissance de Raymond Isidore. C’est lui qui, dans les années 1930, après avoir construit sa maison, va prendre goût à l’art de la mosaïque lors de la réalisation de ses travaux. Il va donc entreprendre de décorer tout son intérieur comme son mobilier avec des morceaux de faïence, de porcelaine mais aussi des débris de poterie et de verre de toutes les couleurs. Une maison qui devint donc une œuvre d’art atypique et que l’on peut visiter aujourd’hui !

Buffalo Bill fait son show à Chartres
Fait méconnu : en 1905, cette figure mythique de la conquête de l’Ouest est passée par Chartres. Le colonel Cody, connu sous le nom de Buffalo Bill, est venu comme ambassadeur de l’héritage culturel du Far West. Lors de son passage à Chartres, il parcourt l’Europe avec un spectacle itinérant : le Buffalo Bill’s Wild West. Ce show montre une version romancée de l’Ouest Américain où divers numéros, comme personnalités connues du Far West, se succèdent.
Dans l’édition du Journal de Chartres du 1er juin, on annonce ce fameux spectacle : "Col. W.F Cody – Buffalo Bill – Ses derniers adieux à la France – Ne manquez pas cette dernière occasion de le voir. En parler n’est rien, le voir c’est tout."
Il y est annoncé 1 300 hommes et chevaux pour "la plus grande exhibition amusante et instructive du monde dans laquelle figurent les cavaliers les plus audacieux". Au programme des festivités : des reconstitutions de batailles comme celle de "Little Big Horn" ou des représentations de manœuvres de guerre effectuées par une troupe impériale japonaise et diverses performances. Buffalo Bill est présenté comme "le roi des tireurs à cheval dans ses merveilleux exercices de Tir Monté sur un cheval lancé au galop".

Le 5 juin, Buffalo Bill rejoint donc Chartres en train et traverse la ville avec sa troupe cosmopolite pour se rendre au Grands Prés (à l’emplacement de l’actuel stade). Le 6 juin, un article du Journal de Chartres relate l’ambiance qui résidait à la gare, à son arrivée sur les lieux. Dans l’édition du 9 juin relatant l’événement en lui-même, on sait que le jour de la représentation n’a pas bénéficié des meilleures conditions météorologiques et il semblerait que les Grands Prés avaient pris l’allure de marécages. Cependant, d’après le journaliste, les deux heures de spectacle se déroulant devant ses yeux, valaient le détour et laissaient "le spectateur béat d’admiration, haletant, essoufflé et un peu désemparé".
Consultez ces différents articles du journal de Chartres de juin 1905 sur le site web des archives départementales d'Eure-et-Loir ! En 2022, on vous propose même de revivre le passage de Buffalo Bill aux Grands-Prés sur Chartres.TV.

Des secrets de la cathédrale de Chartres sont dévoilés
Au début des années 1900, Renée Merlet, archiviste départemental, se lance dans de nouvelles fouilles de la cathédrale de Chartres. Il était déjà l’auteur de nombreux écrits en lien avec cet incroyable monument classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Quelques années auparavant, il avait redécouvert le puit des Saints-Forts. Un vestige gallo-romain qui atteint une nappe phréatique à plus de 33,55 mètres en contrebas. En 858, lors d’une invasion viking, on dit que les corps des victimes auraient été jetés dans ce puit. Au milieu des années 1600, on voulut faire disparaître ce puit et avec lui, les superstitions qui y étaient attachées. Renée Merlet en trouva la localisation dans la crypte de la cathédrale de Chartres.
La margelle (assise en pierre formant le rebord) et l’alcôve au-dessous, furent reconstruites alors.
Des travaux lui donnèrent certainement envie d’aller plus loin dans ses explorations des parties basses de la cathédrale de Chartres, notamment du côté de la crypte Saint-Lubin. Il voit l’opportunité de s’engouffrer dans un grand remblai de pierre, pris entre les galeries nord et sud de la crypte construite par Fulbert. D’un côté, un mur rattaché à l’une des premières cathédrales construites ; de l’autre, les fondations de la cathédrale datant du 13ème siècle. Les fouilles ont été menées durant 2 étés consécutifs. On ne retrouvera pratiquement aucun objet entre ces deux murs. Elles mettent en lumière des vestiges d’une cathédrale plus ancienne, avec la mise à nu d’un escalier probablement emprunté autrefois par des croyants.
Envie de prolonger cet instant dans les années 1900 ? N’hésitez pas à faire également un tour au Musée de l’École d’Eure-et-Loir. Il vous plonge dans l’ambiance des salles de classe de cette époque. Installez-vous derrière les pupitres, à côté du poêle à bois qui chauffait les lieux, et laissez-vous porter par l’atmosphère des leçons d’autrefois !